MON VIEUX
« LA TRIBUNE DE LA VERITE où RENDONS A CESAR CE QUI APPARTIENT A CESAR ?
« MA CHANSON FRANCAISE », par cet article, va essayer après de nombreuses recherches, d’éclaircir la polémique concernant la chanson « Mon vieux ».
Cette chanson nous l’avons tous un jour fredonnée et au fond de notre cœur. Qui n’a pas essayé un jour d’identifier son père ?
Michelle Senlis, fait des études, de droit, de mathématique et de dessin pour le plaisir dira t-elle, mais son leitmotiv reste l’écriture. Ecrivain peut-être se dit-elle !!!
Mais pendant plusieurs années, elle n’a pas voulu subir les aléas de la vie d’un auteur de chansons. Elle avait un père qui commençait à avoir des soucis de santé et elle ne voulait pas être à la merci de difficultés matérielles.
L’écriture la titille et elle devient, auteure compositeur de nombreux artistes dans les années 50. Edith piaf a eu la primeur d’interpréter les titres de Michelle Senlis, s’ensuit Jean-Ferrat, devenu par la suite un très bon ami de Michelle, Juliette Greco, Léo Ferré, Mireille Mathieu, Dalida, Régine, Fabienne Thibault, et bien d’autres encore…
La chanson française doit notamment à Michelle Senlis, les « pépites » suivantes : « c’est beau la vie, » « les amants d’un jour ».
Michelle Senlis en 1962 rend hommage à son père avec un texte qu’elle confie à Jean Ferrat pour la musique. C’est ainsi que, Jean-Louis Stain avec sa voix fluette devient l’interprète de « mon vieux » la chanson passe alors complètement inaperçue.
L’année suivante, 1963, le père de Michelle Senlis décède et du coup, elle refuse que cette chanson soit à nouveau interprétée.
En 1974 et contre la volonté de l’auteure, Daniel Guichard reprend la chanson, il change quelques paroles, ce qui lui permet au passage de toucher une part des droits d’auteur.
Explications de Michelle Senlis dans une interview
Interview Daniel Guichard – L’est républicain du 15 janvier 2017
Au fait, comment est née la chanson Mon vieux ?
Écrite par Michelle Senlis, elle a eu une vie parallèle que j’ignorais quand j’ai reçu la bande musicale, en 1973. Jean Ferrat chantait le texte initial sur le bobino. Jacques Boyer et Jean-Louis Stain l’avaient interprétée dix ans plus tôt. J’ai été touché par la phrase “dans son vieux pardessus râpé, il s’en allait l’hiver l’été”. C’était mon père. D’autres couplets ne me plaisaient pas. J’ai donc retouché le texte, ce qui m’a valu un procès. Mais les choses sont rentrées dans l’ordre.
Texte Original de Michelle Senlis en 1963
Dans son vieux par-dessus râpé
Il s’en allait l’hiver, l’été
Dans le petit matin frileux
Mon vieux
Y avait qu’un dimanche dans la semaine
Les autres jours c’était la graine
Qu’il allait gagner comme on peut
Mon vieux
Mais quand on travaille au ch’min d’fer
On peut pas dire qu’c’est la misère
Mais ce n’est pas non plus l’paradis
Pardi
Alors quand je suis dans mon pieu
A bien sentir passer la vie
C’est bien souvent que j’pense à lui
Mon vieux
Dans son vieux pardessus râpé
Il a fait pendant des années
Le même chemin, le même boulot
Mon vieux
Car il était comme beaucoup d’gens
Pas très malheureux mais pourtant
Il a jamais gagné l’gros lot
Mon vieux
Et moi j’étais comme tous les gosses
Je bayais devant les carrosses
Toutes les fois que j’pouvais m’payer
L’ ciné
Mais après quand j’rentrais chez nous
Ça m’semblait bien p’tit tout d’un coup
Et j’me disais que je le quitterais et vite
Le vieux
Dire que j’ai passé des années
A côté d’lui sans l’regarder
Comme si on était différent
Nous deux
J’aurais pu c’était pas malin
Faire avec lui un bout d’chemin
Ça m’aurait pas couté tellement
Mon vieux
Mais quand on a juste 20 ans
On a pas le cœur assez grand
Pour y loger toutes ces choses là
Et moi
maint’nant qu’jai un peu vieilli /ou que j’suis loin d’ici
En me rap’lant tout ça j’me dit
Et ben il était pas si mal que ça
Papa
Viens si seulement il pouvait être là à côté de moi
Ben je lui dirais, on va s’en jeter un mon vieux
Allez viens
(Tiens comme c’est curieux, une des chansons de Daniel Guichard, se termine avec un : allez viens)
Texte retouché par Daniel Guichard en 1973/1974
Dans son vieux par-dessus râpé
Il s’en allait l’hiver, l’été
Dans le petit matin frileux
Mon vieux
Y avait qu’un dimanche par semaine
Les autres jours c’était la graine
Qu’il allait gagner comme on peut
Mon vieux
L’été, on allait voir la mer
Tu vois c’était pas la misère
C’était pas non plus le paradis
Hé ouais, tant pis
Dans son vieux par-dessus râpé
Il a pris pendant des années
Le même autobus de banlieue
Mon vieux
L’soir en rentrant du boulot
Il s’asseyait sans dire un mot
Il était du genre silencieux
Mon vieux
Les dimanches étaient monotones
On ne recevait jamais personne
Ça le rendait pas malheureux
Je crois, mon vieux
Dans son vieux par-dessus râpé
Les jours de paye quand il rentrait
On l’entendait gueuler un peu
Mon vieux
Nous, on connaissait la chanson
Tout y passait, bourgeois, patrons
La gauche, la droite, même le bon Dieu
Avec mon vieux
Chez nous y avait pas la télé
C’est dehors que j’allais chercher
Pendant quelques heures l’évasion
Je sais, c’est con
Dire que j’ai passé des années
À côté de lui sans le regarder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux
J’aurais pu, c’était pas malin
Faire avec lui un bout de chemin
Ça l’aurait peut être rendu heureux
Mon vieux
Mais quand on a juste 15 ans
On n’a pas le cœur assez grand
Pour y loger toutes ces choses-là
Tu vois
Maintenant qu’il est loin d’ici
En pensant à tout ça, je me dis
J’aimerais bien qu’il soit près de moi
Papa
Mon Vieux par Jean Louis STAIN 1963.